Un fantasme non exploré : une source de frustration en puissance
Passées les étapes du bilan professionnel et personnel permettant de répondre aux deux premières questions (« Que sais-je faire ? Que suis-je capable de faire ? »), arrive l’étape de la définition du projet professionnel. La sensation d’urgence est parfois telle que l’on peut être tenté de définir rapidement son projet en fonction des réponses à ces deux seules questions et d’aller immédiatement vers un « projet de raison ». Celui-ci permettra sans doute de répondre rapidement aux besoins du marché (« je sais faire et j’ai prouvé que j’en avais les compétences »). Néanmoins, répond-il à ce que je souhaite moi personnellement ?
Nous avons tous des fantasmes professionnels que nous trainons depuis longtemps pour certains : ainsi pouvons-nous regretter un choix d’orientation après le bac qui nous a vu délaisser la médecine au profit d’études d’ingénieur, d’autres pourront regretter d’avoir laissé de côté des études de musique pour faire plaisir à leurs parents ; certains souhaiteraient ouvrir un garage de mécanique automobile alors qu’ils font partie de la haute fonction publique ; un autre, cadre dirigeant dans le secteur bancaire, voudrait travailler dans le monde de l’hôtellerie de luxe…
L’exploration de ses fantasmes durant la phase de transition permettra d’identifier quelles sont les sources de satisfaction que nous voudrions trouver dans notre vie professionnelle et d’y apporter une forme de rationalité. Ce travail permettra de déterminer si ces fantasmes ne sont effectivement que des fantasmes, auquel cas on pourra mettre une bonne fois pour toute un couvercle dessus en connaissance de cause, ou relèvent d’une réalité, auquel cas il faudra aller explorer en détail les éléments de satisfaction recherchés pour les intégrer dans un projet professionnel en cohérence.

Le travail avec un coach ou un consultant en outplacement peut se révéler précieux dans cette exploration. Les outils à disposition sont multiples, parmi ceux-ci : le recours à la « baguette magique » destinée à imaginer quelle serait sa situation professionnelle idéale si aucune contrainte n’entrait en jeu ; l’exploration de la vision que l’on avait de sa vie (professionnelle) et de la mission que l’on s’assignait lorsqu’on était (beaucoup) plus jeune, ou encore le recours à une mise en situation pure et simple (par exemple : effectuer un stage chez un fleuriste durant une semaine pour se rendre compte de la réalité de ce métier).
Soyons clair : cette exploration n’aboutit pas le plus souvent à une complète rupture ; néanmoins les éléments de motivation trouvés permettront d’alimenter un projet de raison et de le modifier en conséquence pour en faire in fine un projet de cœur.
Un allié important : le temps
Pour mener à bien ces réflexions, il est important de définir le temps que l’on s’autorise à dépenser pour mener cette exploration. Il est bien évident que l’on ne pourra pas se permettre d’explorer mille et une pistes et se donner un temps infini ; il faudra se donner un timing réaliste et s’y tenir.
Plus le temps sera court, plus le projet aura de chance d’être proche du projet de raison. L’inverse n’est pas forcément vrai : il n’est pas rare qu’une exploration approfondie de ses « fantasmes » professionnels aboutisse au projet de raison (en d’autres termes, le projet de raison et le projet de cœur ne constituent qu’un seul et même projet). Cependant les petites frustrations quotidiennes revenant agiter la boîte à fantasmes, l’absence de ce travail exploratoire aurait hypothéqué les chances de réussite dans le nouveau poste.
Chaque piste doit être explorée pour aboutir parfois à un projet de reconversion spectaculaire, d’autre fois à un retour au projet de raison, et, le plus souvent, pour aboutir à un projet se situant à mi-chemin entre le projet de raison et le projet de cœur.
En conclusion : pour gagner en sérénité et épanouissement, profitez de votre temps de transition professionnelle pour purger vos fantasmes … ou les vivre ! Quel que soit le résultat de cette exploration personnelle, votre employabilité s’en trouvera grandie !
Photo : Michael Marais, Xavi Cabrera, Unsplash