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L’Outplacement en perspective

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L’habit ferait-il le moine ?

C’est une expérience récurrente que nous faisons tous : chaque fois que nous rencontrons une personne pour la première fois, nous lui collons, sans pouvoir nous en empêcher, une étiquette sur laquelle figure notre première impression. Ainsi celle-ci sera bienveillante et chaleureuse, celui-ci autoritaire, cet autre introverti, ce dernier trop coincé ; et pourtant nous ne nous leur aurons même pas encore adressé la parole !

Autant de jugements positifs ou négatifs qui colleront au front de votre interlocuteur pendant un long moment tel le sparadrap du Capitaine Haddock.

Ce que l’on décrit ici est un biais d’ancrage : la difficulté à se départir de la première impression (ancrage) ayant pour conséquence la non prise en compte des éléments nouveaux. C’est le même phénomène qui est à l’œuvre avec l’élève arrivant en retard le jour de la rentrée : il est très probable qu’il soit catalogué toute l’année comme l’élève toujours en retard de la classe.

Une grande escroquerie ?

Garde-toi, tant que tu vivras, de juger des gens sur la mine Le Cochet, le Chat, et le Souriceau, Jean de La Fontaine Quelle est la réalité derrière cette première impression ? Existe-t-il une corrélation entre première impression et qualités intrinsèques de la personne ? Les expériences* menées autour de ce sujet indiquent que cette corrélation est loin d’être évidente, bien au contraire. Les études démontrent que le poids de l’apparence est sur-prépondérant dans le jugement et entraîne une altération de celui-ci. Pourtant, malgré ces études, nous entendons régulièrement certains recruteurs se targuant d’être capables de juger dès le premier regard leurs candidats avant même l’entretien et ne quasiment jamais se tromper. Compte tenu des résultats des différentes expériences, nous pouvons mettre en doute un taux de réussite aussi élevé (sans, bien sûr, dénier aux recruteurs professionnels une acuité de « décryptage » de leurs candidats significativement supérieure à la moyenne). L’explication réside sans doute dans le fait qu’il s’agit d’une « prophétie auto-réalisatrice » : si je juge par ma première impression que le candidat ne fait pas l’affaire, je vais sans doute avoir tendance à être moins attentif à ce qu’il me dit, à être moins enclin à me laisser convaincre par les éléments positifs de son discours et, in fine, être peu convaincu par ce candidat. A l’inverse, la tentation est grande de rester accroché à « l’ancrage » positif d’une bonne première impression et d’aider le candidat à trouver les « bonnes » réponses à ses questions ou de minorer ses défauts objectifs.

Now what ?

Passé le constat que la première impression est une réalité qu’on le veuille ou non, et même si elle n’a pas de raison de correspondre à la réalité, quelles sont les conséquences sur une recherche d’emploi ? La réponse du type « Robin des Bois » invitant à faire changer les mentalités, à remettre de l’objectivité partout, à lutter contre les biais d’ancrage, à crier à l’injustice, aussi louable soit-elle n’a que très peu de chance de faire avancer votre cause personnelle. Une autre réponse, sans doute plus raisonnable, consiste à considérer que le recrutement est un jeu de rôles assez codifié : pour y obtenir le succès, il faut accepter d’y jouer dans les règles. Pour cela, il est préconisé d’avoir conscience de la première impression que nous pouvons laisser à nos interlocuteurs et de rechercher un alignement entre celle-ci et le projet professionnel. Concernant l’apparence physique, cet alignement peut passer par une modernisation de sa garde-robe, par un changement de lunettes, par une attention particulière à son regard, à sa poignée de main ou tout autre détail pouvant impacter la première impression de votre interlocuteur.

Photo : Reinhart Julian, Unsplash