Actualités
L’Outplacement en perspective

Voir aussi : 

Et si on assumait de se faire des amis au travail ?

Cela fait bientôt 20 ans que j’accompagne des cadres dirigeants en mobilité ou transition de carrière et même si le marché change, que les attentes des entreprises évoluent et que les besoins des candidats se diversifient, certains éléments de discours perdurent. J’entends régulièrement : « On ne vient pas au travail pour se faire des amis »

 Au même titre, que je ne crois pas que les caractéristiques sociologiques que l’on associe à une génération n’impactent que les personnes de cette tranche d’âge, je constate que certaines croyances vis-à-vis du monde du travail se transmettent de génération en génération. Parmi ces croyances, celle de la pertinence de créer des amitiés au travail me paraît particulièrement fausse et limitante aujourd’hui.

A l’heure où toutes les entreprises ajoutent à leur référentiel de compétences : l’ouverture à la diversité, l’agilité, la conduite du changement, le développement d’un réseau (toutes sont intimement liées à des dimensions interpersonnelles) … 

Après tout ce qui a été dit et écrit sur l’intelligence émotionnelle et sa différence et complémentarité de l’intelligence cognitive…

Alors que la confiance envers les autres, la bonne ambiance et une relation de qualité avec son manager ressortent dans toutes les études comme étant de plus grands leviers de motivation et de fidélisation que l’argent…. 

…la création de relations, notamment d’amitié au travail serait toujours un tabou ?

Pourquoi c'est faux ?

  • Parce que nous avons tous fait l’expérience de la complicité, voire de l’amitié au travail. Même s’il ne s’agit que d’une expérience, même si l’amitié ne s’est développée qu’après une collaboration proche ou un départ, chacun d’entre nous peut citer un exemple de relation qui a dépassé le cadre professionnel.
  • Parce que les statistiques prouvent qu’une grande partie des couples se rencontrent sur leur lieu de travail, ou que les réseaux de connaissances créés sur les lieux de travail permettent de développer son propre réseau et donc les potentielles rencontres amoureuses.

 En tant qu’être humain, nous entrons en relation les uns avec les autres dans notre vie privée, comme au travail. C’est comme cela que nous fonctionnons. Contrôler ses émotions, ses ressentis, ses intuitions, penser que nous pouvons être complétement différents dans ces deux sphères est tout simplement impossible et de mon point de vue tout à fait contre-productif.

Pourquoi c'est limitant ?

  • Parce que chacun peut aussi faire le constat que les personnes dotées d’un bon sens relationnel, voire de sensibilité interpersonnelle ont plus de leviers pour faire avancer leurs projets
  • Parce que l’ouverture à ces différentes formes d’intelligence et la joie ressentie lorsqu’une relation se transforme amène de l’épanouissement et de la performance au travail
  • Parce qu’assumer le fait qu’une relation évolue et que même si elle dépasse le cadre donné par son descriptif de poste ou les attendus affichés par l’entreprise, nous permet de mieux nous connaître, de progresser et de développer notre propre responsabilité et autonomie pour gérer au mieux cette relation.

Pourquoi c'est possible ?

En entretien, assumer et valoriser ses expériences de bonne entente, de compréhension des autres et l’utilisation de l’écoute empathique seront définitivement reconnues comme des forces pour soi, pour les autres et pour l’organisation.

Au-delà du propos provocateur, il s’agit de s’interroger sur ce que signifie amitié au travail ? S’il s’agit d’aimer aller à la rencontre des autres, de comprendre d’autres modes de fonctionnement, et d’apprendre à assumer qui on est grâce à la confrontation de la différence, alors oui j’ai plein d’amis au travail !

Photo : Ian Schneider-Tam, Unsplash